Un peu de contexte
Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) ne se limitent pas aux eaux usées ou aux sols contaminés. Ils sont aussi présents dans l’air et les gaz, en particulier dans les gaz de décharge (landfill gas).
Les PFAS ne disparaissent pas avec la dégradation des déchets. très stables, ils circulent, et migrent vers l’air ambiant jusque dans le biogaz.
Les chiffres qui interpellent
Selon la revue scientifique (Tolaymat et al., PMC), on estime :
- 7,5 tonnes/an de PFAS présents dans les ordures ménagères
- dont près de 460 kg/an pourraient être libérés sous forme gazeuse par les sites d’enfouissement.
Ces chiffres mettent en évidence une voie aérienne de contamination encore sous-estimée.
Concernant la méthanisation, les données récentes (2024-2025) confirment la présence de PFAS dans :
- les boues d’entrée
- les digestats
- et parfois dans le biogaz lui-même

Plusieurs publications de l’American Chemical Society confirment la détection de PFAS volatils dans les gaz de décharge, parfois à des niveaux bien supérieurs aux attentes.
Les bilans massiques indiquent que des centaines de kilogrammes de PFAS pourraient être libérés chaque année par la voie gazeuse à l’échelle nationale.
Des données encore incomplètes
Les recherches actuelles restent limitées : peu de sites étudiés, et la plupart se concentrent sur les PFAS les plus connues.
Les méthodologies d’échantillonnage et d’analyse varient fortement. Les supports : de la cartouche résine au canister, mais aussi les machines utilisées : de la LC-MS/MS à la GC-MS, les comparaisons entre études sont complexes.
Enfin, les concentrations observées dépendent largement de la composition des déchets, du niveau de confinement et de la qualité de la collecte du biogaz.

Ce que l’on sait déjà des PFAS dans le biogaz
Dans les unités de digestion anaérobie (AD), les travaux récents (2024-2025) montrent la présence récurrente de PFAS dans les boues, digestats et condensats.
Certains traitements (hydrolyse thermique, charbon actif, procédés électrochimiques) permettent une réduction partielle de certains analytes, mais sans élimination complète. Des accumulations dans le digestat ont même été observées, posant la question de la valorisation agricole de ces résidus.
Impacts pour les exploitants de méthanisation et les laboratoires d’analyse
Pour les opérateurs de méthanisation
Ces découvertes ne sont pas anodines.
- Elles soulèvent des risques environnementaux et réglementaires, notamment si le digestat est utilisé comme amendement agricole.
- Des concentrations élevées de PFAS peuvent également affecter la performance biologique des digesteurs, voire inhiber la production de biogaz.
Du côté des laboratoires d’analyse
La surveillance doit inclure un panel élargi :
- PFAS ioniques classiques (PFOA, PFOS, PFHxA, etc.)
- PFAS neutres et volatils (fluorotelomer alcohols).
Comment prélever la phase gazeuse ?
Les études les plus récentes recommandent un échantillonnage de type canister puis une analyse en GC-MS/MS.
Pour conclure
Une voie d’émission à ne plus négliger
Les PFAS dans le biogaz représentent un nouvel enjeu environnemental encore sous-évalué.
Entre émissions atmosphériques, contamination du digestat et impact sur la performance des procédés, leur suivi devient indispensable pour garantir la sécurité environnementale et la conformité réglementaire.
Les études récentes ouvrent la voie à une meilleure compréhension du cycle des PFAS et à la mise en place de protocoles analytiques robustes, une étape clé pour réduire durablement leur empreinte dans les filières du biogaz et des déchets.
